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Le bus me dépose sur les rives de la "rivière des parfums". Je consulte mon "road book" pour trouver l'adresse de l'hôtel, "Haloc Hôtel" que m'a donné Syfret. Un charmant hôtel très confortable pour 5 dollars la nuit. Le moyen le plus pratique pour visiter Hue et ses environs est de trouver un bon guide motorisé. La patronne de "Haloc Hôtel" me propose Dung qui vient me rencontrer, et avec qui nous convenons d'une liste des principaux sites que je désire visiter.
Mon Hôtel à Hue:
"Haloc" ne dispose pas de restaurant mais au Lé Loï je trouve une agréable gargote où je me fais servir une copieuse soupe garnie de crevettes, de légumes divers et de raviolis chinois.
La tournée des pagodes:
Dung est ponctuel, il arrive avec sa moto et nous voilà parti. Nous traversons le pont Trang Tien et longeons les remparts de la citadelle. Après un long trajet en campagne nous arrivons devant la pagode Thien Mu, appelée aussi, "pagode de la vieille dame céleste". L'essentiel de l'édifice est une tour octogonale de sept étages consacrés aux sept réincarnations de Bouddha. A gauche de la tour, tout à côté d'une énorme tortue de granit se trouve une grosse cloche qui sonne 108 coups tous les jours, les 108 illusions de la vie. Je plains les voisins! Au sommet de quelques marches je découvre les génies du bien et du mal. Le jardin est superbe il renferme de nombreuses essences de fleur.
Nous partons maintenant pour la pagode Tu Hieu et y arrivons au moment de la cérémonie. Pour ne pas perturber les pèlerins, Dung m'emmène près d'un charmant pagodon sur pilotis de bois implanté au milieu d'un parterre d'eau recouvert de nénuphars. Le coin est très romantique! Avant d'aller au tombeau de Tu Duc nous laissons passer les pèlerins qui maintenant rentrent chez eux.
Voici le "tombeau de l'éternité", dans un parc planté de frangipaniers, de jacquiers et de longaniers. Tu Duc fut un étrange souverain qui fît tuer tous les membres de sa famille en 1848 et de son vivant fît construire son propre tombeau. Un intellectuel opposé à sa cruauté aurait laissé ces vers: " Quelle sorte d'éternité est cette éternité? Ses murs sont construits d'os de soldats, ses fossés sont remplis du sang du peuple.....". Pour parvenir au tombeau je contourne le pavillon des banquets et accède à une arche qui protège le tombeau d'une étonnante sobriété.
La région est réputée et spécialisée dans la confection des baguettes d'encens. Je m'arrête au bord de la route pour observer comment les femmes roulent la pâte d'encens et comment elles la colorent. Les étalages de bâtonnets d'encens de toutes les couleurs sont remarquables depuis très loin. Sur le chemin du retour Dung m'arrête dans un petit hameau pour siroter un thé, sur un panneau indicateur est inscrit: "Arènes aux tigres, 150 mètres" nous y parvenons par un mauvais chemin de terre. Je devine la forme circulaire de l'ancienne arènes qui ne servait pas aux combats de gladiateurs mais aux bagarres sans merci entre les éléphants et les tigres. Nous décidons de rentrer, demain j'irai visiter la citadelle et la cité impériale à vélo.
Promenade en ville:
Hué est une petite cité moins austère et moins fiévreuse que Hanoï, elle symbolise l'histoire, la poésie, la littérature et la brillante vie culturelle.
A Hué on y rencontre les filles les plus ravissantes de tout le pays, un dicton dit: "Les filles de Hué sont comme de petites plantes de quelques centimètres de haut qui poussent dans les champs autour de la ville, dès que l'on touche leurs feuilles, celles-ci se recroquevillent sur elles-mêmes". Un autre adage vietnamien parle des trois perfections du Vietnam: la cuisine chinoise, les bâtiments français et les filles de Hué. (Chez nous, nous avons les filles de Camaret!).
A Hué le sang royal coule dans les veines des habitants. Au XIX éme siècle les souverains collectionnaient les concubines par centaine. Gia Long en eut 31 et Tu Duc 103. Quant au roi Minh Mang, il couchait avec cinq à la fois. On dit qu'il pouvait en féconder quatre par nuit grace à une boisson aphrodisiaque chinoise, (certainement l'ancêtre du Viagra!). Voila pourquoi aujourd'hui tous les gens de Hué affirment descendre des empereurs.
Il fait chaud ce soir dans la capitale des chapeaux coniques. Près de 700 familles sont spécialisées et vivent de la fabrication de ces célèbres chapeaux coniques. Ils sont faits à l'aide de cerceaux de bambou et de feuilles de latanier, certain sont ensuite vernis avec de la sève de pin.
Les chapeaux coniques:
Alors que je suis en train de sucer une glace dans le parc du Lé Loï, je rencontre une charmante piétonne appelée Nhoc, avec qui j'échange quelques mots d'anglais. Celle-ci travaille dans une fabrique de laques dans laquelle je suis invité à m'y rendre demain. En attendant nous allons dîner dans un café restaurant bohème et dégustons des "banh khoaï", délicieuses galettes de riz salées et des "nem lui" brochettes grillées à tremper dans une sauce aux cacahuètes. Un régal ! Je la quitte et relève ses coordonnées: nhoctdvt@yahoo. com. Tél: 0905-113116. "Glad to meet you...."
La citadelle et la cité impériale:
La "porte du midi" de la citadelle s'ouvre à 7 h. La cité impériale de Hué est la seule des cités impériales du Vietnam encore existante. Elle fut construite de 1804 à 1833 à l'initiative de Gia Long, le fondateur de la dynastie des Nguyen, sur un carré de 10 kilomètres de périmètre, sur le modèle des palais impériaux chinois. La ville comprend trois enceintes, celle de la ville impériale, celle de la cité royale et celle de la cité pourpre interdite. 60 000 personnes vivent à l'intérieur. Le palais du trône est de tous les palais, le seul qui ait échappé aux bombardements des américains en 1968. Sa toiture est faite de tuiles patinées, elle est aussi admirable que sa charpente de bois sculpté et que l'immense salle aux 80 colonnes laquées rouge et or. Seul l'empereur pouvait accéder à la cité interdite accompagné de la reine et des eunuques. Aujourd'hui c'est la désolation, sur 67 édifices importants, 42 furent totalement bombardés en 1968 lors de la terrible bataille du Têt.
Un peu avant l'ancien théâtre royal se trouve le pavillon de lecture restauré en 1990 par l'Unesco, dans l'axe ouest "la porte de la vertu" fermée et dans l'axe est "la porte de l'humanité" qui ne mène nulle part. Le bâtiment le plus haut de la citadelle est le pavillon de "l'éclatante bienveillance venue d'en haut". Avant de quitter les lieux il me reste à aller au palais de la reine mère, au palais de la longue sécurité et au palais de la longévité.
Les laques:
La fabrique de laques dans laquelle travaille Nhoc n'est pas tout près, je choisi une moto-taxi. Devant la réception Nhoc m'accueille et me met entre les mains d'une de ses copine qui à la charge de me faire visiter la fabrique. Au Vietnam, la laque est une passion nationale et une très vieille activité artisanale remontant au XIV et XV ème siècle. La laque est une substance d'origine végétale, sorte de résine extraite par incision d'un arbuste, le Cay Son ou Laquier, qui pousse en abondance dans le nord du Vietnam. La sève est un liquide crémeux et blanchâtre qui est malaxé pendant deux jours avec un mélange de colophane. La laque obtient ainsi son éclat. Puis elle est teintée avec des colorants chimiques. Autrefois des colorants naturels: cinabre, graine de perse, or et argent, feuilles de nacre. La technique de laquage comporte plusieurs étapes. Il faut choisir le bois, généralement du teck et du contre-plaqué. Le bois est ensuite entoilé, c'est à dire recouvert d'une toile imbibée de laque pure. On laisse sécher le tout pendant une semaine puis commence l'opération de masticage. C'est alors que sont apposées 11 couches de laque successives sur l'objet ou le meuble. A chaque couche il faut poncer la surface à l'aide de pierre ponce ou d'os de sèche. La décoration et l'incrustation ne se fait qu'après le huitième couche. La décoration est souvent des scènes bucoliques du style "clair de lune sur la rizière". Avant de quitter la fabrique je fixe rendez-vous à Nhoc pour ce soir où nous irons faire une promenade sur la rivière des parfums.
La rivière des parfums:
La rivière des parfums tient son nom des nombreuses herbes médicinales qui poussaient sur ses rives. Le soleil a commencé à baisser, la température aussi. Nous voici sur les flots, le bateau n'est autre qu'une grande terrasse de café flottante, le paysage est magnifique. Pour survivre de nombreuses familles vietnamiennes plongent dans l'eau avec des paniers et inlassablement récupèrent le sable dont elles remplissent leurs bateaux. Un travail épuisant et peu rémunérateur. Nous longeons de nombreux villages avec leurs petits autels et les offrandes sur le toit, à l'attention des génies des eaux. Maintenant c'est une procession de "sampas", ces bateaux lourdement chargés de sable. Durant cette promenade romantique j'apprends que la famille de Nhoc vit à Danang, là où je dois faire escale après demain pour aller à Hoî An. Nhoc fera certainement la route avec moi pour aller rendre visite à sa maman.
My Son:
Sept heures du matin j'enfourche la moto de Dung, quant à Nhoc elle part travailler à sa fabrique de laques.
Le site de My Son fut découvert par l'archéologue Parmentier à la fin du XIX éme siècle. C'est le site le plus important de la civilisation Cham, il s'agit d'un lieu saint créé par l'empereur Bhadravarman. Les sanctuaires construits en bois brûlèrent tous et ce n'est qu'au VII ème siècle que l'on construisit en dur. Ces temples étaient édifiés en l'honneur des dieux Hindous, surtout en l'honneur de Shiva. A l'origine il y avait 78 édifices, mais les intempéries et surtout la guerre détruisirent la plupart d'entre eux. Il n'en reste plus qu'une douzaine. La société Cham était inspirée de la société indienne. Son art, sans atteindre la magnificence et le monumental des temples Khmers, présente une grâce, une élégance et une poésie en tout point séduisante. Le Kalan, une tour carrée de plusieurs étages ressemble au Shikhara indien et son toit au mont Merou, domicile des dieux. Le Kalan se compose de trois parties: les fondations qui représentent le monde terrestre, le corps qui représente le monde spirituel et le toit qui représente le monde sacré. Nous retournons à Hué, Nhoc vient me chercher pour organiser notre trajet de demain et aller faire quelques emplettes. J'achète une bouteille de "snake wine" ,(Real speciality of Vietnam). Un mini cobra de 70 centimètres macère dans de l'alcool de riz et des racines de ginseng. Il a entre les dents un autre petit serpent vert de 30 centimètres de long. L'usage de cette boisson est bénéfique pour les rhumatismes et les lumbagos. Posologie: une cuillère à soupe chaque jour avant le repas du soir. Après les emplettes nous partons dîner au "Lac Thien" pour y manger "les gâteaux du plaisir extrême". Il ne s'agit pas d'un dessert mais de succulentes galettes bourrées de viande, crevettes et soja, accompagnées de salade et de nuoc tuong, (épaisse sauce marron au tamarin).